LETTRE  ÉLECTRONIQUE  DU  29  JANVIER  2005

 

Éditorial

                        L’EUROPE,  OUI….

                                               MAIS  PAS  CELLE – LÀ !!

 

Depuis le temps qu’on en parle, qu’on y rêve et qu’on l’imagine, la notion d’unité européenne ne cesse de nous interpeller, de susciter de multiples projets et autant de controverses. Nous en savons quelque chose, nous qui sommes confrontés à un choix qu’on nous présente comme irréversible, à l’occasion du référendum sur le projet de traité institutionnel.

Pro-européen, qui ne l’est pas ? Qu’on soit sujet passif ou citoyen responsable dans les États où nous vivons, quels que soient les héritages qui nous conditionnent en matière de cultures, de religions, de mœurs, de régimes ou de convictions, tous nous rêvons d’un système de coopération internationale qui s'enrichirait de nos diversités.

C’est le refus de voir continuer ou se renouveler les affrontements meurtriers et destructeurs que l’Histoire a engendrés en Europe depuis des millénaires, qui nous pousse à imaginer, bien difficilement, des modalités de communauté européenne susceptibles d’établir une paix intra-européenne durable et harmonieuse.

Contribuer à construire une Europe laïque pour garantir la Paix, tel est depuis toujours notre but.

Encore faut-il savoir  de quelle Europe il s’agit ? Quelles limites ou quelles extensions  on envisage pour notre continent ? Dans quel cadre géographique cohérent, avec quels contenus et quels modes de fonctionnement  possibles ? En clair, quel type de communauté d’états et de peuples associés, avec quelles coopérations possibles, serait viable ?

Or l’expérience d’un demi-siècle de tentatives diplomatiques incertaines (et mal comprises des opinions publiques), nous démontre à l’évidence qu’un bricolage institutionnel venu d’en haut, péniblement élaboré par des constitutionnalistes coupés des citoyens, ne débouche pas forcément sur un projet majoritairement acceptable, compte tenu des espérances suscitées.

Pire : ne peut-on pas craindre qu’un traité institutionnel échafaudé dans la confusion et sans soutien populaire éclairé, ne débouche finalement sur un échec d’autant plus déplorable qu’il ferait reculer l’idée européenne dans ce qu’elle pourrait avoir de prospectif ?

Le mouvement EUROPE et LAÏCITÉ vient une nouvelle fois de s’exprimer clairement à ce sujet lors de son Assemblée générale (voir le document  voté à l’unanimité), en nous positionnant aux seuls points de vue de la laïcité en Europe et de la pratique démocratique des institutions.

Le seul mérite du chantier institutionnel européen actuellement en cours est d’avoir dégagé des  axes de réflexions, d’études critiques et (enfin !) des débats au niveau des citoyens concernés.

Quant au problème de l’ouverture ultérieure à de nouveaux états-membres,  pouvons-nous nous satisfaire de cet argument en faveur du traité constitutionnel qui consiste à dire : « Votez oui, on vous dira plus tard de quelle Europe il s’agit » ?

Merci pour l’acte de foi et l’état de grâce aveugle que cela suppose…. : des laïques peuvent-ils s’y soumettre ?

D’où, pour chacun de nous, la nécessité d’y voir clair, ce qui nous mène, par attachement à l’idée européenne, à répondre NON à un projet qui s’avère dangereux et contraire à ses buts proclamés.

 

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PROPOSITIONS  DE  PROJETS

ET  D’INITIATIVES  MILITANTES

 

Après étude et concertation, le Conseil d’Administration a décidé de soumettre à l’Assemblée Générale les projets suivants qu’il propose au Mouvement pour l’année 2005 :

 

1 - Participation à la défense et la promotion des dispositions prévues dans le texte de la loi du 10 Décembre 1905. Sur ce plan, notre mouvement doit dénoncer les menaces que font courir à cette loi républicaine française les projets énoncés par le ministre Sarkozy, qui envisage d’en dénaturer le sens et la portée, en rendant caduque l’affirmation de non-reconnaissance et de non-subventionnement des religions par l’État et la puissance publique.

 

2 - Élaboration, en concertation avec d’autres organisations laïques tant françaises qu’européennes, d’un texte prévoyant des dispositions législatives allant dans le même sens, et destinées à être proposées aux instances européennes.

 

3 - Participation aux manifestations inter-associatives prévues en France durant l’année 2005 pour la célébration du centenaire de cette loi, en demandant à cette occasion sa mise en application dans tous les territoires de la République française.

 

4 - Renforcement des liens et des coopérations avec les organisations laïques militantes dont les actions publiques sont en convergence avec les nôtres.

 

5 - Concrétisation de notre devise « POUR UNE LAÏCITÉ SANS FRONTIÈRES », grâce à la prise de contacts avec les centres culturels étrangers, pour faire connaître nos idées et notre action.

 

6 - Diffusion élargie de nos positions en utilisant les média et les milieux politiques français et étrangers concernés par nos perspectives et propositions.

Dans cet objectif, nous prions nos correspondants destinataires de la « Lettre Électronique » de nous indiquer, au cas où ils en auraient connaissance, les cordonnées personnelles (adresse ou E-mail) de personnalités du monde politique et médiatique dont les positions seraient proches des nôtres ; nous pourrions ainsi leur adresser nos informations et nos documents avec des chances d’être entendus, et d’être secondés dans notre action en faveur de la laïcité.

 

7 - Lancement sur la région parisienne d’un « Cercle permanent de réflexion du Mouvement EUROPE et LAÏCITÉ »

 

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QUELQUES  CHIFFRES  RELATIFS  À  NOTRE  MOUVEMENT

 

Pour les trois années confondues 2002, 2003 et 2004, nous dénombrons en France 1.150 particuliers ou associations qui participent à nos efforts.

Nous devons y ajouter 87 amis belges, et un nombre important d’étrangers de pays divers.

En octobre dernier, limprimeur a tiré 3000 exemplaires de notre bulletin n° 176 :

2.575 ont été expédiés, dont :

1.609 sous bande individuelle,

  530 pour diffusion en réunions publiques,

  436 vers l’Étranger, dont 376 en bandes individuelles (dont 232 pour la Belgique), et

    60 en diffusion groupée

 

Rappelons que notre Mouvement ne bénéficie d’aucune subvention ; il ne fait pas appel à la publicité et ne peut vivre que grâce au bénévolat de nos militants et à la générosité de nombreux donateurs : en effet, plus de quatre cotisants sur cinq versent seize Euros ou plus, ou même beaucoup plus. Qu’ils en soient ici chaleureusement remerciés.

Compte tenu de ces éléments ainsi que de la conjoncture, le Conseil d’Administration du 29 janvier 2005 a décidé d’appliquer une augmentation du montant du seul abonnement, qui passera de huit à DIX Euros.

 

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QUELQUES  RÉFLEXIONS

 

                        NON : et après, quelle EUROPE ??

 

Depuis que l’idée européenne a pris corps et au fil des bricolages institutionnels qu’elle a générés dans les chancelleries, certaines certitudes ont pris un caractère réellement dogmatique, c’est à dire indiscutable. Il n’est peut-être pas inutile d’y réfléchir avec un esprit de libre examen :

Voici quelques réflexions auxquelles nous sommes et restons confrontés. :

 

1 – Pour éviter le renouvellement de guerres intra-européennes fratricides et historiquement destructrices, on cherche à instituer une COMMUNAUTÉ POLITIQUE EUROPÉENNE.

Soit ; mais sur quelles bases ?

D’accords partiels en éléments de traités, on en est arrivé à une amorce de CONSTITUTION, sans qu’un choix préalable et clair soit démocratiquement intervenu sur la question de savoir :

·                   s’il est ou non réaliste d’inventer une structure politique européenne globale, dotée de pouvoirs fédéraux annihilant les spécificités nationales,

·                   ou s’il serait plus efficace d’organiser une communauté inter-états réaliste, fondée sur quelques grands principes acceptés de tous. Une entité solidaire respectant certains particularismes nationaux et de réelles autonomies, et ouverte sur des coopérations renforcées dans les domaines qui s’y prêtent.

·                   QUELLE DOSE DE SUPRANATIONALITÉ  ACCEPTONS-NOUS ? ..

 

Cette question de fond n’a jamais été proposée au libre choix préalable de chaque peuple concerné.

 

Au lieu de cela, des constitutionnalistes professionnels, agissant sans mandat populaire explicite, ont élaboré un projet compliqué, soumis, en fin de parcours, à un choix global, sans éclaircissement informatif préalable : c’est OUI ou NON pour l’intégralité du projet. Est-ce raisonnable ?

 

2 – Si le NON l’emporte, (compte tenu des multiples incompréhensions et dangers suscités par le projet), qu’arrivera-t-il ?

 

On en reviendrait à la situation actuelle, dans sa forme temporairement mise en pratique. La dernière étape en est le « traité de Nice » dont ceux qui l’ont signé et approuvé nous disent le plus grand mal…

Pourquoi alors l’avoir élaboré ? Comment leur faire confiance pour l’acte final constitutionnellement ficelé qu’ils nous proposent aujourd’hui ?

En outre, le dit traité est applicable jusqu’en 2009 : ce qui laisse le temps de modifier l’ensemble du projet constitutionnel…..

 

Soyons sérieux : l’énorme avantage d’un coup de frein donné en 2005 à la phase finale du traité constitutionnel serait que la situation resterait ouverte à de possibles aménagements, réformes et remises en cause, alors que la constitution telle qu’on nous la propose est INAMÉLIORABLE en raison de ses propres dispositions qui en interdisent la possibilité.

 

3 – Quelle Europe peut prendre corps si le projet actuel est récusé ?

         L’engagement militant des citoyens attachés à la démocratie, à la laïcité, à l’indépendance européenne et au progrès social devra exiger :

·                   Que le projet d’organisation intra-européenne ne se fonde plus sur le dogmatisme économique ultra-libéral (c’est à dire le néo-capitaliste) sous couleur « d’économie de marché, libre et non faussée)

·                   Que les décisions concernant les choix de politique économique commune, de relations extérieures, de défense et de sécurité soient prises dans le cadre de coopérations renforcées et de partenariats évolutifs, sans jamais accepter la domination ni leur contrôle par des forces hégémoniques extérieures, notamment transatlantiques (OTAN)

·                   Que les droits économiques et sociaux individuels et collectifs soient garantis clairement par des formulations explicites sur le droit au travail, et fondés sur une législation commune, garantissant la solidarité des travailleurs

·                   Qu’en ce qui concerne la mécanique institutionnelle européenne proposée, le Parlement européen soit doté de l’initiative des lois, et pas seulement d’un simple pouvoir de contrôle a posteriori.

·                   Qu’en ce qui concerne les problèmes monétaires et financiers, la Banque Centrale Européenne soit soumise aux décisions politiques des organismes élus, au lieu d’être un pouvoir indépendant promulguant des décisions souveraines, incontrôlées et incontrôlables en l’état actuel des choses.

·                   Que les valeurs constitutives de la Laïcité institutionnelle soient respectées à tous les niveaux de la vie politique européenne, sans jamais être édulcorées par des influences cléricalistes ou communautaristes.

·                   Que les limites géographiques de l’entité européenne envisagée reposent sur la commune acceptation par les états-membres, des principes ci-dessus énoncés et sur des possibilités réelles de coopération entre états-membres.

 Ces conditions sont indispensables pour rendre possible l’élaboration d’une réelle communauté européenne progressive et solidaire. Or, tous les états européens ne sont pas à ce jour, en situation d’y participer.

Ces quelques axes de réflexions esquissent à grands traits les modifications et réformes indispensables pour qu’une édification institutionnelle européenne rende acceptable un projet constitutionnel européen.

Partant des projets de traités européens qu’il faudra modifier, de nouvelles modalités de coopération sont possibles

Notre militantisme pour une vraie démocratie laïque européenne y trouvera sa durable vocation.

 

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NOUVEAU :

 

Le Conseil d’Administration annonce la mise à l’étude d’un projet de

 

COLLOQUE  INTERNATIONAL

 

Ce colloque se tiendra à Paris en octobre ou novembre prochain ; il aura pour thème :

 

« LA LAÏCITÉ, UNE IDÉE EUROPÉENNE »

 

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À  LA  LETTRE...

 

Nous espérons que la Lettre électronique correspond à votre attente.

N’hésitez pas à nous faire part de vos remarques, à l'une de ces deux adresses:

 

                   ou                

 

N’hésitez pas non plus à nous faire connaître autour de vous, notamment en nous indiquant les adresses électroniques de vos amis, auxquels nous serions heureux de l’adresser régulièrement comme à vous-même.

 

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