Mouvement "Europe & Laïcité"


  

        

L'état de la laïcité:
1. Europe Occidentale:
Lois, traités et pratiques


        
Ce texte présente quelques éléments sur l'état de la laïcité dans différents pays de la Communauté Européenne (plus un intrus!). Merci de nous communiquer des informations sur l'état de la laïcité en Europe et dans le monde; cela nous permettra de tenir à jour ce document. (Les adresses électroniques sont en fin de document.) Dernière mise à jour: Mars 1999

     
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Autres chapitres de cette étude:
L'état de la laïcité: 1. Europe Occidentale, (suite).
L'état de la laïcité: 2. France.
L'état de la laïcité: 3. Europe Centrale et Orientale.
L'état de la laïcité: 4. Pays hors de l'Europe.

Actualité: La Charte des Droits Fondamentaux: encore une menace pour la laïcité et les libertés individuelles.


  

A: La place des églises dans les traités européens

Dans le cadre de la conférence intergouvernementale (1997) qui a eu pour objet de réviser le traité de Rome, l'Etat du Saint-Siège a saisi les ambassadeurs accrédités pour transmission à leurs gouvernements, afin que ceux-ci la soutiennent, une demande d'insertion de mention spécifique relative à la place des églises dans l'héritage culturel européen et leur statut juridique propre.

Nouvelle version (proposée par le Vatican) de l'article 236 du traité:

"...compte tenu du développement de l'entreprise européenne, le moment est venu de procéder à la reconnaissance du fait religieux et ecclésial au niveau européen. Si ce fait est bien reconnu au niveau des pays membres, il existe au niveau communautaire une tendance à l'ignorer et à le reléguer dans le domaine privé de la conscience."

Ces dispositions visent à:

Notre contre-proposition d'amendement du traité de Maastricht-Amsterdam:

L'article B §4 ainsi rédigé:
"L'Union se donne pour objectifs de renforcer la protection des droits et des intérêts des ressortissants des Etats-membres par l'instauration d'une Citoyenneté de l'Union..."

serait complété ainsi :
".... et par l'affirmation d'une rigoureuse séparation du champ d'action des Etats et des autorités par rapport aux Eglises et aux communautés religieuses."

L'article F 1 actuel précise:
"L'Union respecte l'identité nationale des Etats-membres dont les systèmes de gouvernement sont fondés sur les principes démocratiques."

Il pourrait être ainsi complété :
"Elle affirme par ailleurs que l'action de ses institutions s'exercera dans le respect d'un principe de stricte séparation entre, d'une part elles-mêmes et leur champ de compétence, et d'autre part les Eglises et communautés religieuses. Seule la promotion de l'intérêt public commun est de nature, dans le respect des compétences dont elles disposent, à fonder leur action ."

Une déclaration annexée au traité d'Amsterdam précise:

"L'UE ne portera pas préjudice au statut légal national des églises et des associations religieuses ou communautés des états membres. L'UE respectera également le statut des organisations philosophiques et non-confessionnelles."
La déclaration sur les églises a été proposée par les allemands voulant préserver le statut privilégié des églises chrétiennes. L'Italie et l'Autriche s'y sont ralliées. La Grèce pratique la discrimination au Mont-Athos d'où les femmes sont exclues, et donc appuie des demandes qui l'aident à maintenir une législation contraire au droit international.

Le principe de subsidiarité s'applique, semble-t-il, aux statuts des religions et devrait permettre à chaque pays d'adopter ou de conserver la forme de laïcité qui lui convient.
(Europe et Laïcité no 153, novembre 1997)


B: Une Charte Européenne de la Laïcité.

Ce texte que vous trouverez sur une page indépendante et en plusieurs langues est une proposition de notre mouvement et nous nous employons à le faire reconnaître par les autorités européennes.

C: La pratique antilaïque de la Commission et du Parlement.

Un colloque interreligieux le 17.9.1997 au Parlement Européen

J.M. Gil-Roblès, président du Parlement Européen a organisé le 17.9.1997 un colloque interreligieux à Strasbourg dans les locaux du parlement réunissant des représentants catholiques, protestants, juifs, orthodoxes et musulmans. D'après les notes 133-134 et 135-136 du Réseau Voltaire (septembre 1997) aucun représentant des mouvements laïques n'était convié et les seuls qui aient quelque peu mentionné le respect de la laïcité et de l'humanisme laïque auraient été le pasteur J. Stewart et le grand rabbin R.S. Sirat. Une définition, sur des bases religieuses, de "l'identité européenne" et des valeurs éthiques et culturelles devant fonder la construction européenne est inacceptable. MM. Santer (Commission Européenne), Junker (Conseil) et Gil-Roblès sont tous les trois membres ou coopérateurs de l'Opus Dei.

Une "rencontre informelle" interreligieuse organisée à Tolède du 4 au 7 novembre 1995.

La Cellule de Prospective de la Commission Européenne a publié en 1998 dans la série de ses cahiers Les religions méditerranéennes: Islam, Judaïsme et Christianisme. Un dialogue en marche. (63 p., 84 F, editions Apogée, Rennes, France)
Ce volume représente les actes d'une rencontre informelle organisée à Tolède par la Commission, qui en a pris l'initiative comme l'écrit J. Santer dans la préface.
Les participants étaient 8 catholiques, 7 protestants, 3 orthodoxes, 3 juifs, 7 musulmans et 2 "humanistes". La place des laïques était donc très réduites et leurs interventions ne sont pas reproduites dans le texte.
Les textes publiés avec l'aval de J. Santer évoquent une "laïcité intolérante", considèrent que faute de religion les gens n'ont pas d'identité et que leur vie n'a pas de sens, que c'est le "dialogue interreligieux" et non la promotion des valeurs laïques qui devrait assurer la paix.
Les participants réclament à l'Union Européenne des moyens pour organiser "un réseau doté de moyens de documentation et de traduction permettant la diffusion de textes, la création d'outils pédagogiques pour l'enseignement des religions et l'information à propos des autres religions, l'hospitalité intellectuelle des croyants et des professeurs ou étudiants en sciences religieuses sur le pourtour méditerranéen."

Extraits et commentaires.

1) Des positions carrément antilaïques:

Dans une contribution intitulée: "Liberté, amour et foi: appréciation positive du fait religieux au-delà d'une laïcité intolérante" (pp. 20-21), on peut lire:
"Il faut travailler afin que le fait religieux soit généralement reconnu par la société comme un facteur qui fait progresser l'intérêt général et qui, par conséquent, constitue en lui-même, un bien social digne d'être protégé pat l'Etat."
Est-il besoin de rappeller que les oppositions religieuses alimentent les guerres civiles et les hostilités entre communautés? Personne dans les débats rapportés n'a mis en cause cette revendication cléricale.
Il est tout de même inquiétant qu'un chargé de mission à la Cellule de Prospective, dans les conclusions p.41 écrive:
"L'idée était de créer autour des responsables de la Commission un genre de Conseil informel d'hommes et de femmes de spiritualité et agissant comme une conscience éthique et spirituelle européenne."

2) Le primat du religieux:
"L'amour doit passer avant la justice et la paix." (p.51) Sans commentaire!
Dans sa préface, p.3, J. Santer, Président de la Commission Européenne, écrit:
"Il s'agissait pour la Commision d'apporter une modeste contribution à la poursuite du dialogue interreligieux qui constitue en soi une condition essentielle de la réconciliation des peuples."
Cela ne veut rien dire. A quoi rime le "dialogue", forcément assez plat comme le démontre cette brochure, entre théologiens, imams et autres rabbins? Les causes de guerres et d'hostilités sont économiques et politiques.
Il est scandaleux que la Commission Européenne donne d'une main tout le pouvoir aux technocrates de la Banque Centrale Européenne et aux "marchés financiers", et tende l'autre main aux potentats religieux pour leur demander de réparer les inévitables dégâts sociaux.
La connaissance mutuelle interculturelle à la base existe, en particulier chez les jeunes, indépendamment du "dialogue interreligieux" dont ils n'ont rien à faire: le succès des "musiques du Monde" et le syncrétisme musical en sont une preuve.

3) Identité et religion:
C'est l'argument principal développé dans cette brochure pour justifier l'importance des religions. Sans religion, les gens n'auraient pas d'"identité".
"un certain degré d'absence de sécurité, c'est à dire une menace pour la sécurité de l'individu, est lui-même le stimulant le plus efficace de l'identité spécifique, par exemple en période de conflit. Par conséquent, sociologiquement, la religion acquiert une très grande importance lorsqu'il y a insécurité, précisément en tant que moyen pour fortifier l'identité spécifique qui est menacée ou ruinée."
Le chômage est la cause principale des difficultés personnelles, non seulement des chômeurs mais aussi de ceux dont les emplois sont précaires. La "perte du sens du sacré" qui oterait son sens à la vie est invoquée continuellement pour masquer ce fait évident, et pour attirer les gens en détresse vers les religions. (Mais certains se tournent vers les sectes!)

4) La destruction sociale ausée par l'ultralibéralisme
est évoquée (p. 38 et 44) mais dénoncée dans un langage religieux traditionnel:
"La foi en un même Dieu créateur, miséricordieux et juste, est apparue comme un point de départ commun solide. Il permet de dénoncer l'idolâtrie contemporaine qui consiste à adorer les créatures (profit, marché, ...) plutôt que le Créateur."
Il est inutile d'être croyant pour refuser la régulation économique et sociale par le marché. D'autant que dans d'autres discours religieux on peut trouver une valorisation du profit et de la réussite personnelle.

5) Prospective
"les gens en Europe occidentale commencent à se rendre compte que l'on ne peut pas vivre sans credo, sans dimension spirituelle. En un sens nous sommes au-delà de la sécularisation." (p.43 dans le chapitre "Débats et conclusions").
En clair, (opinion de B. Courcelle, rédacteur de cette analyse) lorsque la faillite de l'ultralibéralisme sera définitive, la Commission se tournera vers les religions pour donner "du sens à la vie" des citoyens européens et donc nous envoyer de Charybde à Scylla.

Il ne s'agit pas pour nous, laïques, de nier le fait religieux.
La connaissance des différentes religions est certainement utile pour contrer les propagandes xénophobes.
Mais ces colloques et rencontres vont bien au-delà. Ils ignorent ou dénigrent la laïcité et font la promotion du religieux comme seul espoir pour l'avenir.

(Note: C'est un article de Ch. Eyschen dans La Raison no 435 de nov. 1998 qui a attiré mon attention sur cette brochure.)

D: Les organisations internationales noyautées par les auxiliaires du Vatican


Le Conseil de l'Europe a récompensé Chiara Lubich par un prix en septembre 1998 pour son action au service des Droits Humains.

Chiara Lubich est la fondatrice des "Focolari", mouvement catholique charismatique au fonctionnement sectaire. Ce mouvement s'inspire de l'Opus Dei et vise à obtenir du pape une reconnaissance semblable.

Pour se voir attribuer ce prix, elle a été soutenue par R. Prodi, nouveau président de la Commission Européenne, M. Oreja Aguirre membre de Commission Européenne et "proche de l'Opus Dei" ainsi que divers hauts responsables politiques italiens, polonais, hongrois, tchèques, slovènes. Le Conseil de l'Europe approuve donc la conception "vaticane" des Droits Humains puisque Chiara Lubich, dans tous ses discours, et y compris celui fait à la réception du prix, considère que la lutte contre les homosexuels et le droit à l'avortement sont des aspects importants du combat pour les Droits Humains.

Le 17.12.1996, elle recevait déjà un prix de l'UNESCO. C'est à un véritable noyautage des grandes organisations internationales que se livre son mouvement, qui suit ainsi la ligne de conduite tracée par le Vatican. Et les positions qu'il défend sont celles que l'on sait en matière de santé, de bioéthique et de lutte contre la laïcité là où elle existe.

Le 30.5.1998, à l'occasion de la Pentecôte et devant une foule de 500 000 personnes, Jean-Paul II a reconnu les "Focolari" et d'autres mouvements charismatiques comme des acteurs privilégiés de la nouvelle évangélisation, en quelque sorte "par dessus la tête des conférences épiscopales des différents pays." Il s'agit de multinationales religieuses, qui s'opposent aux structures catholiques établies comme les multinationales industrielles s'opposent aux Etats.
"Comme l'Opus Dei - l'illustre précurseur - ces mouvements recrutent au sein des couches sociales les plus privilégiées, et de préférence des personnalités influentes, occupant des postes à responsabilité. Comme l'Opus Dei, chacun de ces mouvements a monté ses propres "départements" d'experts spécialisés en économie, en bioéthique, en communication. Tous ont créé leur filiale politique et tendent - Focolari en tête - à investir dans le caritatif ou l'humanitaire.
[...] Cette aptitude à brouiller les pistes leur permet de se faire passer pour progressistes et d'endormir la vigilance républicaine dans les instances représentatives, nationales ou internationales."
(D'après Golias, no 65, mars 1999)

E: La Charte des Droits Fondamentaux.

Une nouvelle menace pour la laïcité et les libertés individuelles. Voir nos analyses et celle du Réseau Voltaire. (Avril 2000).

F: Une étude de J.-M. Ducomte


Voir Europe et Laïcité nos 154 et 155 (mars et juin 1998).Elle a été présentée le 9 mai 1998 à la Journée sur l'Europe Laïque et sera placée prochainement sur cette page.

Voir aussi l'état des lieux de la laïcité en Europe Occidentale, pays par pays, suite de ce document.

Autres pays.

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