Mouvement "Europe & Lacit‚"


  

Offensives cl‚ricales:
L'enseignement des religions


      
     


  
Sommaire dans une nouvelle fentre


A - Un article de "Europe et Lacit‚" no 163.

LES DIEUX L ' ECOLE ?


C'est reparti !
D‚cid‚ment, les cl‚ricaux s'obstineront toujours vouloir placer leurs marchandises id‚ologiques au sein de l'enseignement public fran‡ais..!Les programmes d'histoire sont leurs cibles pr‚f‚r‚es et insidieusement, de r‚forme en adaptation, ils y glissent leurs messages et leurs thses au moyen d'un syncr‚tisme p‚dagogico-culturel assez pervers. Les sp‚cialistes minist‚riels du p‚dagogisme y contribuent au nom du modernisme id‚ologique.
Pourtant, pendant plus d'un sicle , dans le respect le plus absolu des croyances individuelles, la lacit‚ scolaire a fait d‚couvrir pr‚cautionneusement et avec retenue , les r‚alit‚s confessionnelles li‚es l'histoire et l'‚ducation au civisme, cela grƒce des programmes et des m‚thodes ‚prouv‚es qui respectaient tous les gens de bonne foi, enfants et adultes.
Mais cela ne satisfaisait pas les doctrinaires de la spiritualit‚. Un esprit juv‚nile ‚tant naturellement mall‚able, il importe leurs yeux que la disponibilit‚ spirituelle et mentale des jeunes soit prise en mains par les dispensateurs de "v‚rit‚s" se disant r‚v‚l‚es, donc pr‚tendues indiscutables`

Alors, pour ne pas d‚plaire aux sp‚cialistes de la mise en condition th‚ologique , des esprits partisans suggrent et pr‚parent une r‚int‚gration accrue des influences religieuses au sein des programmes scolaires officiels`.Cela, au nom bien sr , de la culture et de la tol‚rance..

Leur argumentation est cousue de fil blanc :

"Nos ‚lves sont ignares (pr‚tendent-ils), en matire de culture religieuse: de ce fait, devant un tableau, un monument, un ‚crit, impr‚gn‚s de religiosit‚ th‚matique, ils ne comprennent rien , faute de connaissances th‚ologiques
suffisantes. L'‚cole doit y pourvoir et pallier ces insuffisances en matire de formation spirituelle""

Soyons clairs :
& il est faux de pr‚tendre que les programmes officiels de l'enseignement public font l'impasse sur les multiples formes de spiritualit‚ th‚ologique (voir document cit‚ en annexe)
& il est contraire la r‚alit‚ d'all‚guer on ne sait quel besoin , de la part de l'immense majorit‚ des ‚lves, d'en savoir plus en matire de mythologie et de rechercher telle ou telle sensibilit‚ transcendantale
& il serait inacceptable de chercher, par le biais d'une cat‚chse inavou‚e, provoquer chez les ‚lves de nos ‚coles publiques , une r‚action subjective ou passionnelle , de r‚v‚lation (ou de r‚pulsion) face des croyances toujours discutables.
& Les mythologies sont multiples, la fois dans l'histoire et dans l'espace : il existe des centaines de croyances qui coexistent ou s'affrontent dans le monde et qui toutes m‚ritent, dans leur principe , un ‚gal int‚rt `ou une mme indiff‚rence, voire un refus identique.
& La r‚insertion de l'‚ducation religieuse dans l'enseignement amnerait in‚vitablement devoir en faire autant pour l'ath‚isme et l'antireligiosit‚, ‚galement honorables, ce qui mnerait in‚vitablement des rivalit‚s et des affrontements entre ‚lves.
& C'est abuser de la v‚rit‚ historique et faire preuve d'une grande malhonntet‚ intellectuelle que de r‚duire notre culture aux seules impr‚gnations jud‚o-chr‚tiennes, ou plus globalement aux seules "religions du livre" (islam compris. )
& Les ‚ventuels choix philosophiques de nos ‚lves doivent tre ‚clair‚s hors de toute finalit‚ inavou‚e: c'est ce que permettaient les programmes officiels et les pratiques p‚dagogiques en usage jusque dans les ann‚es 80 : les uns et les autres suffisaient grandement susciter les libres appr‚ciations des enfants.

Certains chroniqueurs qui n'h‚sitent pas sortir du champ de leurs comp‚tences, feraient bien d'y regarder deux fois, avant d'enfourcher les id‚es la mode lanc‚es par des promoteurs de retours en arrire r‚actionnaires . Il est facile de parler de fa‡on irresponsable de ce qu'on ignore ou qu'on n'a jamais pratiqu‚.

Les cl‚ricaux (c'est dire ceux qui pr‚tendent replacer le domaine public sous l'influence du religieux) ont choisi le combat de la resacralisation de l'enseignement, pour compenser la chute vertigineuse de leur audience et des pratiques liturgiques.

Au nom de la tol‚rance (qu'ils ont combattue pendant plus de quinze sicles et laquelle ils se sont ralli‚s en parole pour en exploiter le b‚n‚fice), les partisans du retour du cl‚ricalisme dans l'enseignement public, vont mme jusqu' proposer des "intervenants ext‚rieurs sp‚cialis‚s" (qu'ils fourniraient, pour pallier la non-vocation des enseignants leur servir de relais id‚ologiques): on imagine volontiers qui seraient ces intervenants !!

C'est au nom d'un pr‚tendu "esprit d'ouverture" de l'‚cole sur le monde ext‚rieur , et en se r‚f‚rant une "lacit‚ nouvelle" ‚dulcor‚e , que certaines organisations, jusqu'ici consid‚r‚es comme attach‚es la lacit‚, ont laiss‚ leurs dirigeants nationaux passer des compromis inavouables avec des politiciens avides de conforter une alliance ‚lectoraliste avec des milieux traditionnellement conservateurs voire r‚actionnaires.

Ils s'appuient pour cela sur les pr‚tendus exemples venus des autres ‚tats europ‚ens o partout (ou presque) les systmes d'‚ducation ne se sont pas pleinement affranchis des influences religieuses et des dominations cl‚ricales. Or au contraire, dans tous les pays d'Europe, le besoin d'‚manciper l'enseignement des cl‚ricatures rivales, se manifeste de fa‡on sans cesse croissante.

Et ce serait ce moment-l que la France se d‚voierait et remettrait en cause la lacit‚ de ses institutions scolaires , partout reconnues comme exemplaires cet ‚gard ? Et cela sous pr‚texte de nous aligner sur nos voisins, sur ce plan bien retardataires ?

Ce n'est pas cette Europe-l que nous voulons`!

Etienne PION
(Ancien professeur d'histoire et d'instruction civique)

RELEV DES THMES D'INFORMATION HISTORIQUE SUR LES RELIGIONS
existant dans les programmes en usage jusque dans les ann‚es 80)
Classe de 6 me
& les pratiques religieuses dans les soci‚t‚s pr‚historiques.
& Les religions dans l'antiquit‚ :
Orient ancien, Egypte, , H‚breux, Ph‚niciens, Cr‚tois,(civilisations et religions)
La Grce (histoire, culture, religion, civilisation)
Rome (origines, culture, soci‚t‚, civilisation, religion, expansion politique)
Les d‚buts du Christianisme -ls dogmes, l'expansion et la domination en Occident.
Classe de 5 me
& Les invasions germaniques : cultures et croyances religieuses dites "barbares"
& L'alliance du tr“ne et de l'autel (Clovis)
& L'expansion chr‚tienne en Europe (Charlemagne)
& Art gothique et art roman
& L'Eglise au Moyen-ƒge
& La papaut‚ et le clerg‚ catholique romain
& Naissance et expansion de l'Islam
& Les croisades
& La culture et la civilisation musulmane
& Le schisme oriental : la religion orthodoxe
& La soci‚t‚ m‚di‚vale et la communaut‚ juive
& Les h‚r‚sies et leur r‚pression (albigeois, cathares)

Classe de 4me -
& L'esprit humaniste et la renaissance (arts et lettres)
& Les grandes d‚couvertes et les conqutes coloniales des nations chr‚tiennes.
& La r‚forme : luth‚riens et calvinistes
& Les guerres de religion
& La contre-r‚forme
& Le jans‚nisme
& Le mouvement philosophique et l'esprit des Lumires

Classe de 3me
& la soci‚t‚ fran‡aise en 1789
& Les ‚tats-G‚n‚raux et les 3 ordres
& La constitution civile du Clerg‚
& La condamnation de la R‚volution par Rome
& La r‚pression antireligieuse sous la terreur
& Le culte de l'"tre suprme"
& Le consulat bonapartiste et le concordat avec Rome
& La restauration monarchique et religieuse
& R‚publiques et Lacisation
& S‚paration des Eglises et de l'Etat
& La colonisation et l'expansion des religions occidentales dans les colonies.
& Les mouvements ouvriers : socialisme, capitalisme et politique vaticane
& La guerre de 39-45 : l'antis‚mitisme et la Shoah
& La politique vaticane pendant la guerre mondiale.
& L'‚dification europ‚enne : incertitudes et perspectives.

CONSTATS : Il apparaŒt l'‚vidence que pour toutes les ‚poques , les programmes d'histoire se r‚frent occasionnellement, aux valeurs religieuses (multiples) qui interfrent avec les ‚vnements.
L'histoire contemporaine prend en compte les ‚volutions des diff‚rentes ‚glises et des ph‚nomnes communautaristes.
En litt‚rature, en philosophie et en ‚ducation artistique, les r‚f‚rences aux ‚coles de pens‚es et d'expression sont ‚galement nombreuses. Leurs diversit‚s exigent que cette initiation soit men‚e dans un souci d'ind‚pendance id‚ologique et d'ouverture, sans pros‚lytisme aucun.

La n‚cessaire renaissance de l'esprit r‚publicain et sa promotion dans le cadre europ‚en exigent que ces disciplines p‚dagogiques soient con‡ues (et r‚form‚es) dans le sens d'une objectivit‚ laque ind‚pendante des dogmatismes contemporains.

B - Les programmes d'histoire (Extraits des programmes
officiels actuels concernant les religions)

Il y a lieu de distinguer les programmes officiels des manuels.
Le texte ci-dessus concerne les programmes en vigueur.

C- Un sondage j‚suitique (E&L no 163)


Un questionnaire a ‚t‚ publi‚ par le mensuel LA VIE, (ex "CATHOLIQUE ILLUSTREE", mais l'adjectif a ‚t‚ prudemment gomm‚), dont voici quelques extraits. La formulation a ‚t‚ savamment concoct‚e afin d'inciter des r‚ponses conformes aux finalit‚s doctrinaires pr‚‚tablies. Bien entendu, le questionnaire s'adresse un public cibl‚: le lectorat de "LA VIE" ("Catholique") ; D‚pouillement garanti anonyme et inv‚rifiable quant au nombre et l'origine des r‚pondeurs... Curieux proc‚d‚ pour un sondage !!!

Voici donc un large ‚chantillon des questions pos‚es :

1 - En France les programmes scolaires comportent-ils votre connaissance un enseignement sur les religions ?

2 - Selon vous, transmet-on assez de connaissances sur les religions dans les programmes scolaires ?

3 - Selon vous, un enseignement sur les religions doit-il se limiter l'histoire des religions ?

4- Faut-il commencer l'enseignement sur les religions ds l'‚cole primaire ?

5 - La connaissance des religions doit-elle entrer dans la formation des enseignants ?

9 - Savez-vous qu'il existe dans les ‚coles publiques de trois d‚partements fran‡ais (Haut-Rhin, Bas-Rhin, Moselle) un enseignement du christianisme et du judasme sp‚cifiques ?

10 - Savez-vous comment est organis‚ l'enseignement sur les religions dans d'autres pays de l'Union europ‚enne ?

11 - On lit l'‚cole des textes litt‚raires philosophiques, scientifiques qui traitent de la condition humaine. Cette r‚flexion sur l'homme doit-elle s'accompagner d'une r‚flexion sur la croyance en Dieu ?

12 - Selon vous, les textes fondateurs des principales religions peuvent-ils tre lus en classe, au mme titre que les grands textes litt‚raires ?

14 - Des livres et p‚riodiques confessionnels ont-ils selon vous leur place dans le Centre de documentation et d'Information (dans chaque ‚tablissement public, NDLR)

18 - Pensez-vous qu'on puisse parler des religions avec comp‚tence quand on est ath‚e ?

20 - L'existence d'‚tablissements priv‚s d'ob‚dience religieuse, sous contrat avec l'Etat (subventionn‚s par celui-ci - NDLR) vous paraŒt-elle respecter :
- la libert‚ de conscience des parents et des enfants ?
- le principe de lacit‚ ?

23 - A l'‚cole, pensez-vous qu'il faut lier l'enseignement de la morale l'enseignement sur les religions ?

24 - Selon vous "l'enseignement la vie et la sexualit‚" pr‚vu dans les programmes du collge doit-elle faire r‚f‚rence :
- des questions ‚thiques ?
- aux croyances religieuses ?

26 - Souhaitez-vous qu'il y ait, dans l'enseignement des cours de religions avec des professeurs et des horaires sp‚cifiques ?

27 - 28 - Seriez-vous favorable l'organisation de d‚bats sur les questions religieuses et la cr‚ation dans un lyc‚e, d'un "caf‚ philosophique "anim‚ par des ‚lves et accueillant des intervenants ext‚rieurs ?

29 - Seriez-vous favorable des moments de dialogue avec des repr‚sentants de diff‚rentes religions dans les ‚tablissements scolaires ?

30 - Peut-on permettre aux ‚lves de manifester leur appartenance religieuse par un signe distinctif ?

32 - Pensez-vous que la connaissance des religions est un facteur de tol‚rance ?

33 - Croyez-vous qu'une meilleure connaissance du judasme et de l'islam contribuerait att‚nuer le racisme l'‚gard des juifs et des musulmans ?

34 - La question des int‚grismes religieux devrait-elle tre ‚tudi‚e l'‚cole ?

35 - Croyez-vous qu'un enseignement sur les religions l'‚cole puisse entraŒner :
- des divisions et des affrontements ? Un retour du pros‚lytisme ? une intrusion des sectes ? une d‚rive vers l'int‚grisme ?
ou au contraire :
- plus de libert‚, plus de tol‚rance, un meilleur accs au patrimoine culturel ?

Fin de citations.

Poser ces questions de la fa‡on o elles sont formul‚es, et selon le subtil enchaŒnement qui a ‚t‚ choisi, c'est l'‚vidence inciter des r‚ponses confessionnalistes et cl‚ricales, compte tenu du microcosme au sein duquel est lanc‚ ce questionnaire...

Puis, par la grƒce d'une extrapolation num‚rique abusive venant s'ajouter au contenu (non explicit‚) des questions pos‚es, on dira alors : LES FRAN€AIS SONT FAVORABLES A L'ENSEIGNEMENT DES RELIGIONS DANS L'ENSEIGNEMENT PUBLIC...! Il n'y aura plus qu' le faire...!

Remarque : les questionneurs ne parlent pas de l'enseignement de l'ath‚isme, de l'agnosticisme, du rationalisme, du positivisme, de l'antireligiosit‚ ni de multiples autres formes de spiritualit‚ non (ou anti) religieuses, pourtant tout aussi honorables que les gargarismes th‚ologiques...!

Ce n'est pas par hasard que ces deux publications, issues du mme milieu, se manifestent au mme moment, la coop‚ration all‚gu‚e du groupe "La Ligue" (de l'Enseignement), servant de cache-sexe cette entreprise de mise en condition. La fausse navet‚ de ceux qui n'y voient rien redire, et qui n‚gocient avec les cl‚ricaux ostin‚s, n'en est que plus coupable, et cache autre chose, que nous ne cessons de d‚noncer.


D - La r‚action d'Henri Pena-Ruiz ce questionnaire (E&L no 163).


Un sondage peut constituer une v‚ritable manipulation id‚ologique s'il construit une "opinion publique" qu'il pr‚tend faire connaŒtre. Le questionnaire "Dieu l'‚cole" est cet ‚gard instructif. Sous l'apparence d'une enqute scientifique, on tente en effet de pr‚senter comme une "demande sociale" l'introduction des religions l'‚cole. A cette fin, les questions suggrent les r‚ponses et sont singulirement ferm‚es.

Un diagnostic contestable largement impos‚ par de fausses questions

Les huit premires questions sous-entendent que la pr‚sence du fait religieux l'‚cole serait trs insuffisante, et que l'‚cole ne donne pas assez de connaissances en la matire ou qu'elle se "limite" une approche simplement historique. C'est d‚j une thse et non une question. Le flottement continuel, tout au long du questionnaire, entre des expressions aussi diff‚rentes que "enseignement des religions", "enseignement sur les religions" ou "cours de religion", ouvre la voie des exploitations id‚ologiques.
Un tel flottement, terminologique n'a rien d'innocent.
La connaissance objective et distanci‚e des faits religieux ne peut tre confondue avec un enseignement ou un cours de religion. L'exigence d'ext‚riorit‚ et d'objectivit‚ relve de la d‚ontologie laque, et il faut la respecter.

Une finalit‚ ambigu‰ voire inqui‚tante

S'agit-il de faire connaŒtre les faits ou de valoriser des croyances religieuses, d'instruire ou de conditionner selon une d‚marche pros‚lyte ? La question doit tre pos‚e clairement, car tout le reste en d‚coule.

Le questionnaire avance le l‚gitime souci de la connaissance. Mais, que faut-il connaŒtre exactement ? Les doctrines et les textes qui les formulent, les r‚alit‚s historiques qui en ont d‚riv‚, le rapport entre les deux ?

Si le but est de faire progresser le savoir, la r‚f‚rence aux contextes historiques est requise. Faut-il, ds lors, cr‚er une discipline sp‚cifique abstrayant les religions des configurations sociales et historiques ? La mme remarque vaudrait pour les mythologies, les doctrines politiques et les mouvements de pens‚e. Le questionnaire glisse de la question de la connaissance objective celle du "sens". Cela ne va pas de soi, car il s'agit de deux finalit‚s bien distinctes.
Le problme des croyances structurantes, des options philosophiques et spirituelles, requiert dans une ‚cole laque, ouverte tous, tact et discr‚tion, refus de privil‚gier une modalit‚ particulire du rapport au sens. La question ‚thique, par exemple, peut relever d'un humanisme ath‚e autant que d'une confession.

Le seul traitement qui convienne l'exigence de libert‚ de conscience et d'autonomie, mais aussi d'universalit‚, est celui d'une approche raisonn‚e, distanci‚e, soucieuse d'esprit critique.

Histoire, lettres, philosophie... sont habilit‚es procu rer tous les ‚lves les instruments intellectuels et les repres culturels pour qu'ils forgent eux-mmes leurs convictions ‚thiques, et non qu'ils les re‡oivent toutes faites. Qu'elles le fassent aujourd'hui insuffisamment est une chose, qu'il conviendrait de v‚rifier par une v‚ri- table enqute. Que cela implique cr‚ation d'une nouvelle discipine en est une autre, ‚minemment discutable.

Des modalit‚s incompatibles avec la lacit‚.

Le malaise ‚prouv‚ quant l'ambigut‚ sur les finalit‚s s'accroŒt avec la neuvime question, r‚v‚latrice des intentions r‚elles du questionnaire. En effet, aprs l'‚vocation de la finalit‚ culturelle et intellectuelle d'une approche des faits religieux, l'hypothse clairement sugg‚r‚e est que les cours de religion tels qu'ils existent "en Alsace-Moselle pourraient faire r‚f‚rence".
Or ces cours, assur‚s par des tenants des confessions, ont l'‚vidence une dimension pros‚lyte incompatible avec la neutralit‚ confessionnelle de l'‚cole laque. La possibilit‚ "d'intervenants ext‚rieurs" ‚voqu‚e explicitement, confirme le malaise. Belle garantie que celle qui consiste confier une "approche objective" des personnes qui sont la fois juges et parties !
Trs r‚v‚latrice, l'insinuation contenue dans la dix-huitime question :
"Pensez - vous qu'on puisse parler des religions avec comp‚tence quand on est ath‚e ?"
Une deuxime question s'impose : "Pensez-vous que l'on puisse parler des convictions ath‚es avec comp‚tence quand on est croyant ?".
Les modalit‚s d'un enseignement plus substantiel sur les faits religieux sont ‚troitement solidaires des finalit‚s qu'on lui assigne. L'orientation du "questionnaire", on l'a vu, est ce double ‚gard trs tendancieuse. Elle a, par ailleurs, le d‚faut de passer sous silence la v‚ritable conception laque.
La croyance religieuse requiert de la part de l'‚cole publique un devoir de retenue qui n'est pas ignorance mais simple respect, y compris par ‚gard pour les autres options spirituelles (ath‚isme, agnosticisme). Cette retenue n'est nullement incompatible avec le souci de faire connaŒtre les ‚l‚ments doctrinaux, les faits historiques et les uvres inspir‚es par les religions, dans une approche distanci‚e et r‚fl‚chie, r‚solument ext‚rieure aux convictions qu'elle se donne pour objet d'‚tude. Ext‚riorit‚ ne veut pas dire hostilit‚, mais mise distance afin de garantir une approche d‚pourvue d'esprit partisan. Cette "ascse laque" a pour raison d'tre de promouvoir ce qui peut unir tous les hommes : une culture ‚clair‚e, d‚li‚e des appartenances particulires. La d‚onto- logie laque est exemplaire, qu'elle soit davantage un id‚al r‚gulateur qu'une exigence pleinement r‚alis‚e ne lui “te rien de sa valeur, bien au contraire.

Henri PENA-RUIZ

Auteur de "Dieu et Marianne ", Philosophie de la lacit‚, P.U.F.

(Cet article est paru dans Les Id‚es en Mouvement, revue de la Ligue de l'Enseignement , pourtant associ‚e la r‚daction du questionnaire. Comprenne qui pourra!)

E - Un forum ‚lectronique sur cette question:

http://www.laicite-republique.org/forum.htm

sur le site du Comit‚ Lacit‚ R‚publique.

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